Poésie. Ecritures d’invention 2de
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Voici des poèmes rédigés lors des cours de français de M. Biotteau et de Mme Bertolacci, par les élèves de 2de, dans le cadre d’un travail de recherche au Centre de Documentation sur les liens entre littérature et peinture à l’intérieur d’un même mouvement artistique, essentiellement du romantisme au surréalisme.
Ce travail a permis :
– une approche historique et culturelle d’une œuvre d’art
– une confrontation de cette œuvre avec un poème issu du même mouvement
– une écriture d’invention
Qui suis-je ?
Qui suis-je ?
Sans l’ombre d’une réponse
Sans un quelconque entrain
Contraint ; sans cesse ruminant la question
En quête, de mon identité, prospectant un reflet
Reflétant, réfutant, avec velléité
La vérité, ma vérité, mon hémisphère de lune
Supplice sans indice
Qui suis-je ?
Un regard, mon regard, tel l’horizon
Dérive : le livre
Qui panse, en abondance : une réponse
Mon poème, reflétant, réfléchissant : la solution
Je suis.
Christelle, Margaux, Esther
Dialogue entre le poète et son démon interne
Quand la brume lève son voile impénétrable
Sur mes pensées fiévreuses tournant à l’orage,
Et que, près de moi, une présence impalpable
Apparaît dans le miroir comme un dur visage,
"Quand tes traits s’imprègnent d’infernales douleurs,
Je ne pourrais concevoir plus belle victoire
Que de t’anéantir, excitant ton humeur
Et plongeant en ton cœur ma lame de rasoir."
Quand sa voix me ronge au plus profond de mon âme,
"Ma puissante armée se dissimule dans l’ombre"
Ma chair embrasée, tout entière en proie aux flammes,
"Et toi tu es seul, perdu parmi les décombres."
Soudain c’est la larme, un cri de déchirement
Surgit violemment du tréfonds de mes entrailles
Me dérobant un atroce gémissement.
"Annonçant pour toi le moment des funérailles,
A la fin de ce combat, tu t’échoueras
T’évanouissant dans un funèbre silence,
Impuissant face à moi, impuissant face à toi
Et de ton agonie survint ma délivrance."
Mathilde, Arnaud, Erwan
Le Puits-Noir
La forêt est un temple où l’on vient prier seul,
Ses rochers sont de marbre et ses piliers de bois.
C’est une forteresse impénétrable qui flamboie
Du carmin des érables, de l’argent des tilleuls.
Ses ténèbres mystiques et ses clartés moirées
Sont des cris exotiques ; son soufle calme et chaud,
Mon noble ami, libère l’âme de son cachot
Puis l’enlève, l’emmène et va gaiement l’égarer.
Comme un puits mystérieusement abyssal,
Même le soleil s’y penchant pourrait s’y noyer,
Sombre emplacement que la nature a créé
Refusant l’entrée à la clarté matinale
Rêve quelque magnificence en ta demeure
Nulle part tu ne verras semblable splendeur.
Mattéo, Noé, Axel, Théo
Ma monture est comme l’éclair
Ma monture est comme l’éclair
Aux charges puissantes et violentes,
Ses sabots tels une caisse claire
Résonnent sur le sol et te hantent.
Entends-tu au-delà des champs
La préparation des deux camps ?
Et dessous les arbres, lorsqu’il vente,
Tous ces nobles gens en belle armure ?
Et pendant que le vent murmure
C’est alors la fin de l’attente.
Alban, Axel, Nathan
La mémoire
Les poèmes c’est comme les livres on préfère les oublier, donc on les jette dans nos tiroirs et on ne les ressort plus jamais. On a l’impression qu’on s’en est débarrassé, mais à tout moment ils peuvent ressurgir. Alors nous les fuyons, vite, vite fuyez les remords avant la mort. Voir ses problèmes c’est regarder à travers le trou de la serrure, on n’aperçoit pas tout. C’est alors qu’il faut s’isoler, je sais je ne suis pas très commode. Ah ! Les remords me reviennent à l’esprit. Cela a un prix : être fou.
Léopold, Camille, Adrien
Ma vénus
Sous cette brise, je fus emporté.
Sous cette brise, absent, je songeais.
Un murmure embrumait mes pensées,
Mon esprit déjà lointain s’en allait.
Je la vis, Vénus, comme une illusion.
Couchée telle une déesse dans son Olympe,
Entourée de fruits de la passion,
Sa beauté y laissait une empreinte.
Autour d’elle tout semblait imagé
Ce vert émeraude, d’une grande rareté.
Puis ramené à la réalité, le crépuscule s’était levé.
Un instant je ressentis ce sentiment de liberté.
Georgette, Wical, Flavie
Silhouettes
Imagine une étendue d’ébène, rêve de silhouettes dessinées par le ciel. Elles formeraient tout là-haut des nuages fragiles, des plantes, des mots et des femmes que sur terre on ne trouva pas.
Ce ne sont pas les lumières qui t’affolent mais leurs discours.
Anaëlle, Paul, Pierrick
De son auréole céleste
De son auréole céleste
Elle veille sur le hameau
Elle le défend de ses maux
De cette sombre nuit funeste.
Femme à la robe immaculée
Dont le sort est prédestiné,
Au cœur de la nuit étoilée
De ses yeux les larmes ont coulé.
La douce promise défunte,
Quand, le soir la brume s’élève
Expose de nouveau ses craintes
Qu’ils sombrent dans d’éternels rêves.
Agathe, Jean-Samuel, Zoé
Une grande Dame
Elle est éclatante à troubler toutes les vues
Sa large robe aux mille et une couleurs du paon
Ses deux yeux aussi magnifiques qu’enivrants
Un fin sourire si beau que j’ai accouru
Somptueuse et belle quand elle parle, tous l’admirent
Ses lèvres attirantes et douces comme du velours
Me font sentir de partout, mon cœur si lourd
Son regard sublime et divin me fait frémir
Postée sur sa plus imposante silhouette
Elle entonne une de ses plus belles chansonnettes
Faisant vibrer don sublime et épatant corps
Sa posture royale les a épatés
Tel un plaisant rayon de soleil en été
Tout chez elle résonne du plus merveilleux accord.
Tanguy, Lucas, Augustin
Au fond de la crique
Au fond de la crique à l’épaisse obscurité
De formidables dents déchiraient le ciel sombre
D’une mâchoire noire où s’engouffraient les ombres
Epié parun ange irradiant de clarté
Qui semblait égayer cette amère pénombre
Nul ne pouvait troubler ce calme stupéfiant
Ce bercement créé par l’écume blanchie
Accostant la plage sempiternellement
Les goélands eux-mêmes n’osaient pousser leurs cris
Par peur de briser cette triste poésie.
Mya et Laetitia
Poèmes des 2de4 de M. Biotteau en 2017
La Vierge assise près des cieux
Elle, la Vierge assise près des cieux
Demoiselle aux seize années d’été
Belle, aux yeux sombres où l’on voit du bleu
Étincelle, ses cheveux roux, dorés
Soutanelle, drapée de couleurs fanées
Maternelle, ombrageant ses chérubins
Tourterelle, ou oiseau martyrisé
Immortelle, être pur aux airs de saint
Amoureux, jusqu’au cœur où elle vivait
Curieux vice qui me liait à elle
Fiévreux, fauché par la passion d’Orphée
Chanceux d’attirer ses yeux solennels
Prétentieux, j’étais de la croire mienne
Envieux de ces fats imbibés d’eux-mêmes
Malheureux je suis, l’aimant avec peine
Tristes mes poèmes pour celle que j’aime
Martin, Louise, Lucie
Sonnet à l’Ange Rose
L’océan du ciel dessale nos yeux ;
Descends sur sol, cascade de lumière,
Sous nos pas forme mousse très légère
Qui s’étend ainsi jusqu’à d’autres cieux.
Mais quand sa main de velours fait "Adieu",
Elle libère de noires poussières,
Reverse sel dans tous les maux soufferts ;
Tard, l’Ange Rose a le regard odieux.
Ainsi quand je vois rayons du soleil
Se refléter en ses miroirs à Elle
Puis sur les miens : âme brûle de joie.
Mais sur les sommets aux neiges éternelles,
Du ciel voisin, glissent teintes vermeilles,
Bientôt ne ressent rien d’autre que froid.
Luca, Thibault, Al
Le fleuve de Venise
Misérable humain par terre étendu,
Pantin du destin, les astres ont prédit,
Fourbus de mélancolie infinie,
Par dessus la brume l’amour perdu.
Le Crépuscule possédant bien des charmes
M’aurait-il dépouillé de mes armes ?
Ô tendre brume habillée de safran,
Aveuglée par les folies du désir
Ravivant les chaleureux souvenirs,
As-tu déjà aimé profondément ?
Cœur assombri de grandes émotions,
Quand reviendrai-je enfin à la passion ?
Mon âme à ta rencontre a chaviré
Tes harmonieuses courbes vaporeuses.
Tel un ange, tu as rempli mes nuits creuses.
Absorbée par la mort, tu m’as quitté.
Le fleuve de Venise t’a volée à moi.
Jamais plus je ne connaîtrai la joie.
Marianne, Thomas, Marine
La fleur de lys
La beauté immaculée naît de la noblesse,
Mélange complexe de pureté et d’or,
Envoûtant chaque esprit de sublimes promesses,
En diffusant son doux parfum à chaque aurore.
Cet éclat céleste transperce les ténèbres,
Belle lumière détruisant l’obscurité,
Belle paix écartant un horizon funèbre,
Elle dissipe l’ignorance et crée la clarté.
L’homme voit la mort donner son prix à la vie,
Le temps s’écoule, comme la fleur fane il fuit,
Laissant croire qu’il reste un espoir d’y survivre.
Déesse irréelle possédant tous les vices
Chef-d’œuvre éphémère, symbole des grands livres,
Reine emblématique, voici la fleur de lys.
Alice, Rachel, Sophie
Vaste étendue à l’humeur joueuse et vicieuse,
Tu te plais à charrier les âmes dans tes vagues.
Face à ta puissance infinie, je me sens vague
Et ton horizon sépare la sphère baigneuse.
Ligne si fine, multitude de bleuté,
Ce mariage indu partage mort et vie.
Je salue ton désir, créateur indécis,
Malgré mes vieux tourments, tu me fais exister.
Je traque en toi mon esprit perdu sans boussole.
Sans barrière apparente, tu embrasses les bords,
Berceau de vie aride, cercueil gonflé de mort,
Ô désert liquide, réserve sans parole !
Tes courants sauvages dont je connais les risques,
Cycle éternel, l’histoire fait ton héritage
Où s’écoule le sablier, gardien sans âge,
Tu prends vie et son paysage devient fresque.
Manon, Romain, Océane
Corbeau
Cet imposant corbeau assis
Avec son très long bec crochu
Et son regard si noir perdu
Sa silhouette ombreuse noircie
Esprit morne et mystérieux
Passé triste et peu glorieux
Volatile tourné vers les airs
Ce corbeau noir qui se nourrit
Quand le ciel de haine noircit
De noirs viscères et de vers
Vision du monde cruel et flou
Qui ont tous peur de son courroux
Il n’a pas beaucoup de chance
Son monde devient poussière
Qui pointe la fin de son ère
Avec un esprit tourmenté
Avance au milieu des prés
En possédant cette haine
De sa vie en train de finir
Sans tracer le moindre sourire
Matthieu, Jules, Alexandre
Les baisers
La cape de constellations
Enveloppe avec passion
Un ardent brasier coloré
Tel un frais bouquet de baisers
La couronne de fleurs ceignant
Sa tête merveilleusement
Formant un mélange harmonieux
De lys et lilas délicieux
Elle est pour moi toute effusion
Mon âme est en adoration
Éveillée à sa frénésie
Ma lueur, mon or, Émilie
Mathilde, Louis, Maya
Poème surréaliste
Le train fend les villageois entraîné par ses ventricules fumants et ses muscles vacillants. Les organes du moteur travaillent sans relâche pour tracter la carcasse de la voiture hurlante sur une mer sans fin. Au dehors, l’aurore couchante, éclairant le regard des morts, est accompagnée d’un nuage égoïste abreuvé par le linge phréatique qui transporte des âmes égarées vers le chemin inverse de l’enfer. Ce nuage accroché aux rochers laisse rêver les pousses de chêne à quelques magies humides. Soudain, la cheminée, comme submergée par sa flegmatie, active le sifflet, annonçant ainsi son entrée par la fenêtre de la gare. Les freins crient, les roues accélèrent, les passagers se préparent à sauter en route. Les bras de la gare câlinent la cargaison dans les pieds du train. Les quais s’endorment, le silence ensommeillé prend le dessus et le train repart vers quelques veilles aventures du passé.
Maxime, Yasmine, Arthur